Accueil A la une Révision de la loi BCT : Les propositions qui font débat et leurs conséquences

Révision de la loi BCT : Les propositions qui font débat et leurs conséquences

Ce lundi 24 février 2025, l’économiste et professeur, Ridha Chkandali, a souligné l’importance de la récente rencontre entre le Président de la République, Kaïs Saïed, et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Fethi Zouhai Nouri. Selon Chkandali, cet échange revêt un caractère stratégique pour l’avenir économique du pays.

Intervenant sur les ondes de la radio Express Fm, l’économiste a rappelé que le président Saïed avait évoqué la nécessité de revoir la loi n° 35 de 2016, régissant le fonctionnement de la Banque centrale et son indépendance, afin de mieux répondre aux défis économiques actuels.

Ridha Chkandali a aussi précisé que la Banque centrale tunisienne applique une politique monétaire indépendante, visant principalement la lutte contre l’inflation. Cependant, cette approche, selon lui, contraste avec la politique fiscale menée par le gouvernement, dont l’objectif est de stimuler la croissance économique. Il estime que cette dualité de priorités a conduit à un déséquilibre, avec pour résultat un manque de croissance et un pouvoir d’achat des Tunisiens de plus en plus fragilisé. « Nous avons observé une récession inflationniste plutôt qu’une véritable reprise économique », a-t-il expliqué.

L’économiste a ainsi appelé à une révision urgente du projet de modification de la loi fondamentale de la Banque centrale, actuellement débattu au Parlement. Il a insisté sur la nécessité d’intégrer la Banque centrale, ainsi que des experts en économie, dans la réflexion législative, afin d’assurer une réforme réellement bénéfique pour l’économie nationale.

Les propositions de révision 

Chkandali a particulièrement critiqué certains aspects du projet de révision, notamment l’article 7, qu’il considère comme une innovation dangereuse dans le cadre des institutions économiques mondiales. Selon lui, il n’existe aucune législation à l’échelle mondiale qui attribue à la Banque centrale la responsabilité de l’aggravation de la dette publique. Il a également pointé du doigt l’article 10, qui oblige la Banque centrale à acheter des obligations d’État pour répondre aux besoins de liquidité des banques. Ce mécanisme, selon Chkandali, pourrait entraîner des risques considérables pour l’équilibre financier du pays.

L’article 25 a également attiré son attention, car il touche directement à l’indépendance de la Banque centrale. Cet article stipule que la Banque centrale serait contrainte de financer automatiquement le service de la dette extérieure en utilisant ses réserves de devises, sans recourir à de nouveaux emprunts. Chkandali a averti que cette disposition pourrait avoir des conséquences graves pour l’économie, en particulier si l’État devait privilégier le remboursement de ses dettes au détriment des besoins vitaux de l’économie.

La politique monétaire actuelle : un modèle obsolète ? 

Critiquant également la politique monétaire actuelle, Ridha Chkendali a affirmé que la Banque centrale continuait de suivre un modèle inspiré par le Fonds Monétaire International (FMI), qui considère l’inflation comme une conséquence de la consommation excessive. Ce modèle, selon lui, a conduit à une politique de taux d’intérêt élevés, pénalisant ainsi la consommation des ménages et exacerbant la récession économique. « Cette approche ne contribue en rien à la stabilité économique, bien au contraire », a souligné l’économiste.

Finalementet non moin important, Ridha Chkandali a proposé une révision de la loi fondamentale de la Banque centrale afin d’y inclure explicitement l’objectif de croissance économique. Il a appelé à permettre à l’État d’emprunter directement auprès de la Banque centrale, sous des conditions strictes et transparentes, afin de mieux soutenir les secteurs économiques clés.

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